Voici un roman de Vladimir Nabokov inédit en français. Mécontent de la traduction anglaise de Chambre obscure qui était la version initiale de Rire dans la nuit, Vladimir Nabokov, exilé aux Etats-Unis, décida en 1937 de se traduire lui-même. Ce défi linguistique donna une œuvre nouvelle et transformée, à "la précision absolue", évidente comme un axiome au pessimisme froid : "Il était une fois à Berlin, en Allemagne, un homme qui s'appelait Albinus. Il était riche, respectable et heureux. Un jour il abandonna sa femme pour une jeune maîtresse ; il aimait ; n'était pas aimé ; et sa vie s'acheva en catastrophe." Sous l'apparence d'un mélodrame berlinois, d'une comédie de mœurs, à trois, où l'on trompe et où l'on est trompé, Nabokov fait jouer la mécanique implacable de sa démonstration. L'amour est-il aveugle ? Oui, répond le démiurge Nabokov. La variation sur l'adultère devient alors une cruelle parodie où Gogol et Tolstoï passent comme des ombres. Le roman s'élargit en une fable intemporelle, les couleurs de la vie se fanent et se fondent bientôt dans une nuit noire sans lune. Pourtant, dans l'obscurité quelqu'un rit.