Dos Passos suit deux personnages fictifs, Télémaque et Lyaeus, qui à la manière d'un Don Quichotte chevauchant sa fidèle Rossinante, traversent à pied l'Espagne de Madrid à Tolède, au lendemain de la première guerre mondiale. Ils croisent en route agriculteurs, ouvriers, gens de passage bavards et ivrognes dans les tavernes, tous ces hommes simples qui forment le c½ur du pays et s'adaptent plus ou moins bien au modernisme industriel naissant. Dos, comme on l'appelait, passe de discussions animées à de magnifiques descriptions des paysages, brûlés par le soleil ou bercés par la lumière de la lune, nous fait partager son admiration pour l'art espagnol et évoque, amusé, la fierté et l'âme anarchiste des habitants de la péninsule ibérique. Le charme de ce récit tient à son génie de l'observation, à son éclectisme, à ses évocations des poètes espagnols contemporains (particulièrement dans son essai Antonio Machado : poète de Castille tiré de ses rencontre avec le poète à Ségovie), ses impressions de voyage prises sur le vif, racontées par ces petites touches poétiques qui constitueront peu après son style de romancier.