Il y a Selim, venu d'Istanbul tenter sa chance en Allemagne ; Selim qui maîtrise la parole comme le dauphin l'art de nager. Il y a Alexander, ce jeune Allemand fasciné par Selim, mal dans sa peau et qui passe de la psychanalyse à la rhétorique : il veut devenir orateur. Il y a aussi la belle Gisela de Frechen qui rêve de cinéma, Geneviève la pieuse qui croit pouvoir respecter le Grand Silence, Dörte la boulangère, Doris la terroriste, Mesut le stratège... On lira {Selim ou le Don du discours} d'abord comme le roman épique qui embrasse toute une génération d'Allemands de l'Ouest des années soixante à la veille de la chute du mur. On le lira aussi comme le journal de bord d'une Allemagne qui souffre toujours et encore du passé, qui souffre de son présent. "Raconter, c'est résister à la hâte." Lentement Sten Nadolny dresse le portrait d'une génération atteinte par la mauvaise conscience.