«On nous avait prévenus : dans la maison que nous venions d'acheter, à Vézelay, au pied de la basilique, nous ne trouverions rien d'extraordinaire. Des documents, tout au plus. En effet, vidant les armoires, nous sommes tombés sur plusieurs petits paquets : la correspondance entre quatre fils de la famille Papillon, envoyés au front en 1914, leur soeur Marthe, employée de maison à Paris, et leurs parents. Tout un réseau d'échanges, intenses et par moments bouleversants : demandes incessantes de nouvelles, envois de colis à des soldats souvent mal nourris et mal vêtus, récits des combats de Verdun ou du Bois-le-Prêtre. Mais aussi de ces instants dérobés, sur le front, à l'horreur et l'ennui : la maraude, le braconnage, la pêche ou la confection de bijoux faits du métal des obus... Ces Papillon dont nous ne savions rien, la lecture de ces lettres surgies d'un silence de quatre-vingts ans, les fait revivre. Miracle de l'écriture, apprise sur les bancs de l'école publique. Littérature née du déchaînement de l'histoire.» Nous publions aujourd'hui cette correspondance étonnante par sa richesse et sa diversité, découverte dans leur maison par Madeleine et Antoine Bosshard. « Ce n'est pas une guerre qui se passe actuellement, c'est une extermination d'hommes », y écrit Marcel Papillon dès 1915. Un livre extraordinaire où se mêlent, la souffrance, la mort, mais aussi la tendresse, dans une famille bousculée par la guerre. Les historiens Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt en témoignent : « Ces échanges livrent une multiplicité de points de vue sur le conflit en même temps qu'une lecture croisée des expériences de chacun. »