Grand reporter à l'Equipe Magazine depuis douze ans. Il est l'auteur, entre autres, de Les combats de Muhamad Ali (Prix Mumm) et Un siècle de sport (Calmann-Lévy). Le Livre: Juillet 1998. Un coup de gîte au large de l'Irlande précipite Eric Tabarly dans une eau à 11 degrés, par une nuit noire, alors que l'affolement règne à bord. Le navigateur - qui figure de son vivant dans la mythologie de la voile - fut la victime de ce qu'il aura le plus adoré : la mer. « Eric a été jeté à l'eau par son merveilleux gréement comme on peut être mordu par son propre chien » résume Bertrand Poirot-Delpech. Des funérailles nationales sont organisées où l'homme de 67 ans est veillé par tout ce qui compte du monde de la voile, de la politique, des média. Un mort au-dessus de tout soupçon ? Un succès sans mystères au terme duquel la mer prend l'homme ? La biographie de Benoît Heimerman, après laquelle il sera difficile de débusquer de nouveaux éléments tant il a croisé la route de centaines de témoins (de Kersauson au moindre skipper), reconstitué le calendrier d'une vie, numéroté les échecs et les miracles, veut nous apprendre qui se cache sous le silence granitique de Tabarly. Sait-on que le baroudeur aux larges épaules fut le fils élevé au martinet d'une bourgeoisie aisée dont il gardera toujours une fermeté de principe ? Sait-on que l'élève-officier de marine fut l'éternel protégé d'un corps d'origine qui lui accorda subsides et faveurs ? Que le vainqueur à 33 ans d'une Transat en solitaire, auréolé d'une gloire française, connut bien des échecs, des traîtrises, des frères ennemis ? Que l'inventeur d'un Pen Duick mondialement connu s'employa à sauver le moindre franc ? Que ce monomaniaque de la mer fût un piètre financier, un indifférent en politique, un célibataire rêveur qui se maria sur le tard ? Que le père d'une génération de marins accordait avec réticence son temps, et plus encore, sa confiance ? A l'heure où le spectacle du sport rime avec finances et flirte avec les media, l'auteur ressuscite ici une figure pure, héroïque, amoureuse du sport. Mais sans rien oublier de la part d'ombre que même un Tabarly portait en lui.