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Il s'agirait d'un combattant mais qu'on aurait mis pour un temps hors de combat. De lui on dirait seulement ce que l'on ne dit pas d'ordinaire de ce genre d'homme. On ne le dissoudrait pas dans l'épopée. On ne dirait pas ce qui le dépasse : on n'aurait d'égard que pour ce qui est à sa hauteur. Comme un récit feutré sur quelqu'un qui crie !

Ce roman relate un exil. Celui d'un Chilien, en 1977, à Bruxelles. Mais ce pourrait être celui d'un Tchèque, à Paris, quelques années auparavant. L'Histoire ne s'acharne-t-elle pas à déplacer les personnes ?

C'est l'été. Pour l'instant, personne ne peut rien pour Jaime Morales. Il est sur la touche. Réduit à sa plus simple expression. Malade. Sans travail. Sans compagne. Il considère la Belgique avec un regard d'ethnologue. Un présent trop vide succède à un passé trop plein, que la mémoire ravive...

De ce qu'il y a de pire au monde - la torture, l'assassinat politique, la solitude - le narrateur nous entretient à voix retenue. De ce qu'il y a de plus grave - l'amour, la révolution - il ne nous révèle que la quotidienneté. Même l'espoir, qui baigne les dernières pages, ne fait pas plus de bruit que le malheur qui précède.

Peut-être Jaime Morales n'est-il que le comble de nous-même ?