Ce roman-récit, tout empli d'autofiction et de « mentir-vrai », s'inscrit dans la suite logique, et quasi-chronologique, de La peau dure publié avec succès, par l'auteur voici deux ans. A l'époque, la narratrice détaillait ses désarrois sentimentaux ; elle a mûri ; on la retrouve, dans ce nouveau livre, plus déterminée. Il faut dire que cette narratrice a choisi d'adopter un enfant, une petite Cambodgienne : ce « devenir-mère » la transfigure. Ce livre se raconte donc dans deux directions, presque à deux niveaux : il y a, d'abord, le récit proprement dit de l'adoption. L'expédition à Pnom-Penh, les déboires adminisitratifs, l'éblouissement d'un amour naissant, au bout du monde, entre une mère et sa fille... Pages intenses et fortes où l'auteur tombe le masque et avoue que, derrière sa « peau dure », il y a des océans de tendresse... Mais ce livre raconte, en même temps, et par flashes-back, une autre histoire : celle de la narratrice, qui était secrètement amoureuse de son père - un séducteur, plutôt volage et infidèle. Un jour, celui-ci, en guise de boutade, dit à sa fille : « Mais toi, tu n'es pas la fille de ta mère... ». Cette phrase, étrangement, décida du destin de la narratrice. Et ce destin voulut qu'à son tour, elle devienne la mère d'une fille à qui l'on pourra dire, un jour : « Toi non plus, tu n'es pas la fille de ta mère ». Les deux « histoires » qui tissent ce roman se retrouvent alors pour raconter celle - unique - d'une femme en quête d'elle-même... Un ton sec. Des formules au lance-flamme. Un humour radical et ravageur. Avec ce deuxième « roman », le style-Quin se précise : un mélange d'autodérision et de gravité...