« À cinquante ans, maman n’y avait pas échappé. Elle avait rôti, elle était à point. C’était l’aboutissement logique d’une vie entière à chasser les rayons. Chaque année, elle teignait ses cheveux naturellement bruns en une teinte plus claire à mesure que sa peau, elle, aspirait le soleil d’Afrique sous lequel elle vivait enfin. Elle prenait la teinte de la suie, la même que j’avais sur les mains en réparant mon vélo.
Symbole des années 1980, le bronzage était la signature d’une génération obsédée par la brûlure et les paillettes, où l’on voulait vivre vite, s’étourdir quitte à griller sa peau et assécher la terre. Le bronzage, c’était aussi une promesse : celle de franchir le périphérique et d’accomplir une mue sociale. Ma mère a construit sa vie autour de ce rêve. Elle a offert son corps au soleil, attirant ses proches dans l’orbite de l’astre qu’elle chérissait jusqu’à la déraison. »
Symbole des années 1980, le bronzage était la signature d’une génération obsédée par la brûlure et les paillettes, où l’on voulait vivre vite, s’étourdir quitte à griller sa peau et assécher la terre. Le bronzage, c’était aussi une promesse : celle de franchir le périphérique et d’accomplir une mue sociale. Ma mère a construit sa vie autour de ce rêve. Elle a offert son corps au soleil, attirant ses proches dans l’orbite de l’astre qu’elle chérissait jusqu’à la déraison. »
Margaux Cassan
Tout à la fois récit personnel et enquête philosophique, Ultra violet raconte le bronzage comme cela n’avait jamais été fait : un « fait social total » qui embrasse l’histoire, la sociologie, le religieux, la mythologie et engage notre intimité la plus sensible. Du soleil qui fascine aux rayons qui blessent, des hérauts de la mélanine au destin d’une famille envoûtée, Margaux Cassan nous livre la grande épopée d’une obsession contemporaine.