Nous sommes en 1942 : l’Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. A Payerne, rurale, cossue, ville de charcutiers « confite dans la vanité et le saindoux », le chômage aiguise les rancœurs et la haine ancestrale du juif. Autour d’un « gauleiter » local, le garagiste Fernand Ischi, tout droit sorti d’une opérette rhénane, et d’un pasteur sans paroisse, proche de la légation nazie à Berne, le pasteur Lugrin, s’organise un complot de revanchards au front bas, d’oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux. A la suite du Vampire de Ropraz, c’est un autre roman – vrai, splendide d’exactitude et de description, d’atmosphère et de secret, que Jacques Chessex nous donne. Les assassins sont dans la ville.