Mauvais créatif dans une agence de publicité, mauvais homme de marketing, piètre acteur de seconde zone dans des rôles de « parfait salaud », Paul Jarvis finit par trouver sa voie en devenant un romancier scénariste-dialoguiste à succès, à la fin des années 1970. Au début du roman, tout lui réussit : aisance matérielle d’une vie luxueuse à Palma de Majorque, présence rassurante de sa troisième épouse, Isabel, après deux fiascos conjugaux (« Je n’ai jamais su pourquoi ma seconde femme et moi nous sommes séparés. Je suppose que cela faisait partie de son programme de la semaine. Mardi, rôti de veau. Jeudi, quitter cet imbécile. J’avais toujours l’impression, quand je la croisais, que j’avais oublié de me laver les dents. ») ; amitié indéfectible avec son agent et complice George Willie ; collaboration sans nuage avec sa secrétaire efficace, Clara Saint. Mais voilà qu’un beau jour, la machine se détraque : pas une simple panne d’écriture, mais la stérilité totale, le vide, l’abîme, durant huit jours… Et à l’aube du neuvième jour, la copie miraculeuse d’un début de scénario génial trouvé sur son bureau. Qui a écrit à sa place ? Lorsque Clara Saint prend brutalement possession de son corps et de ses sens après avoir pris peu à peu possession de son énergie créatrice, et qu’il se sent menacé d’être exposé à la fois comme mari adultère et auteur mystificateur, voilà Paul piégé. Il songe d’abord à planifier sa propre disparition, puis, croyant être manipulé par le couple diabolique formé de sa maîtresse et de son agent, à assassiner l’une en faisant passer l’autre pour son meurtrier. Le crime parfait, en somme, dont tant de souvenirs de films lui dictent la machination. Mais il n’y a pas de parfait salaud dans le monde réel : si crime il y a, chacun finira par tomber pour celui qu’il n’a pas commis…