J'étais une femme... DISTRAITE, dit-elle. C'est à partir de là, de ce mot-là, que tout commence. Ce mot en dit plus que cette femme n'a conscience d'en savoir. Dès lors, sommée de lui rendre la vérité qu'elle y pressent, elle va longuement, obstinément, courageusement interroger cette distraction qui lui a fait traverser l'existence comme absente à elle-même. Et ainsi déployer, dans le désordre chronologique mais dans l'ordre implacable de la confession, ces éclats souvent blessants, parfois illuminants, qui constituent une vie - SA vie. Ainsi, pièce à pièce, se réapproprier cette vie, faire exister, par la magie de la parole, ce qui d'elle-même est resté dans les limbes : l'enfant privée d'enfance, l'adolescente dont le père démissionne, laissant le champ libre aux excès maternels, l'actrice, proie du public et des personnages qu'elle incarne, la femme désemparée de quelques hommes, la mère enfin, surtout, brisée par la mort d'un enfant.