Ses fidèles collaborateurs Wood, Ward et Hood, victimes respectueuses de ses caprices et de ses colères, croyaient simplement que Monsieur Le exerçait le pouvoir grâce à son cerveau électronique, à son psychanalyste et à son aptitude à envoûter les téléspectateurs par de la musique ou des fables. Mais lorsque Son Excellence rentra d'Afrique avec la première de ses favorites noires dans ses bagages, ils devinèrent que ce n'était pas un mortel ordinaire. Ils ignoraient pourtant qu'il écrivait des poèmes à ses belles, qu'il leur donnait à contempler sa verge couverte d'or et qu'il lui arrivait même, dans son palais peuplé d'animaux exotiques, de verser des larmes sur sa solitude. Pour gouverner ainsi un peuple pendant une quarantaine d'années, en déjouant complots, révoltes et catastrophes, il faut être un artiste de génie. En somme, un monstre. Le héros de ce roman, Monsieur Le, existe : on observe ses outrances bouffonnes chez les hommes qui, sous nos yeux, exercent le pouvoir. Mais qui est le plus fou ? Celui qui prétend imposer à ses semblables ses rêves ou ses fantasmes ? Ou ceux qui subissent sans s'étonner sa dérisoire volonté de puissance ? Cette "Vie secrète", dont les prodigieux épisodes ne sont pas si imaginaires qu'on pourrait le croire, pose la question à tous les gouvernants et à tous les gouvernés de la terre.