En 1922, Yedda Godard, qui a franchi la Passe de Khyber, pénètre en Afghanistan... Quelques années plus tard, elle séjourne en Iran où son mari dirige les Services archéologiques. C'est une vie énigmatique, prestigieuse, exotique, aventureuse, qu'elle doit mener là-bas. Comment la suivre à la trace ? Je l'imagine en caravane, d'Alep à Bagdad, longeant l'Euphrate, couchant sous la tente ou dans des caravansérails, côtoyant les ruines de basiliques byzantines ou de forteresses macédoniennes... Ou bien attaquée par des nomades afghans... Itinéraire fabuleux que celui de cette vieille dame que j'ai connue barricadée dans son appartement du quai d'Anjou, et dont la gaieté, la malice, la générosité cachaient son attente angoissée de la mort. Le 4 août 1976, Yedda Godard succombait à une crise cardiaque. Elle avait quatre-vingt-sept ans. Et cette voisine que nous aimions, Nicole et moi, nous a légué sa bibliothèque qui la reflétait comme un miroir. Qu'en faire ?
Peut-être me fallait-il la lire et déchiffrer l'image tremblante qui se dessinait. L'image non seulement de Yedda mais aussi de ses tentatives pour arrêter le temps et se préserver de la mort. Et puis, à mesure que ses livres se confondaient avec les miens, ma propre image plus trouble encore que je risquais de retrouver. Fortuitement.
Peut-être me fallait-il la lire et déchiffrer l'image tremblante qui se dessinait. L'image non seulement de Yedda mais aussi de ses tentatives pour arrêter le temps et se préserver de la mort. Et puis, à mesure que ses livres se confondaient avec les miens, ma propre image plus trouble encore que je risquais de retrouver. Fortuitement.