« En 1983, les éditions Belfond m’ont proposé de traduire un recueil de nouvelles de Scott Fitzgerald : Love Boat. Vingt-cinq ans déjà. Trois autres recueils ont suivi (cinquante nouvelles environ) et deux chefs-d’œuvre : Tendre est la nuit (1985) et Gatsby le magnifique (1996). Traduire ces livres a fini par faire naître entre nous une sorte de familiarité respectueuse qui s’est vite étendue à Zelda, présente à chaque page. Je me suis laissé prendre à l’image brillante d’un couple mythique symbolisant les années d’or de l’immédiat après-guerre. En déchiffrant phrase à phrase les aveux secrets de Tendre est la nuit, j’ai compris que ces apparences étaient vaines, qu’il existait entre Scott et Zelda un amour d’autant plus profond qu’il a résisté à de grandes douleurs et à de longs déchirements, qu’accentuaient la schizophrénie de l’une et l’alcoolisme maladif de l’autre. Le désir de ce qui est aujourd’hui ce livre sur Zelda s’est éveillé à ce moment là. Je n’ai décidé de l’écrire qu’après avoir fait la connaissance en 1986 de leur fille Scottie et l’avoir écoutée me parler de ses parents. Elle avait en projet la publication de leur correspondance. Le cancer qui l’a emportée l’a empéchée de mener à bien ce projet. Il a été repris par sa propre fille Eleanor. Une centaine de lettres étaient déjà connues en France, il en restait quatre cents d’inédites. Et j’en ai traduit un certain nombre qui m’ont permis d’enrichir ce livre. Il me manquait un dernier élan. Il m’a été donné par la nouvelle traduction que j’ai faite de Gatsby pour les cahiers rouges chez Grasset, en 2007. Retravailler ma traduction m’a permis de rejoindre Zelda. » Jacques Tournier .