Centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, été 2013 : près de deux ans après le tsunami qui provoqua l'arrêt des réacteurs, l'inondation de la centrale et des explosions en série, sur une terre contaminée, des dizaines de grues, pelleteuses, bulldozers et des milliers de silhouettes anonymes s’affairent pour tâcher de réparer la catastrophe qui a déjà chassé plus de 200 000 personnes de la région du Tohoku. Qui sont ces ouvriers courbés et silencieux, occupés à ramasser les débris radioactifs, la plupart du temps sans combinaison ? Ce sont les sacrifiés, vaste armée de travailleurs précaires venus œuvrer, par patriotisme sacrificiel d’abord, puis par nécessité financière, au démantèlement de la centrale. Isolés dans leur propre pays, méconnus ailleurs, Arnaud Vaulerin les a suivis pendant plus de deux ans.
Souvent sans compétences, sous-payés et broyés par une administration tentaculaire où les sous-traitants sont aussi nombreux que les travaux à entreprendre, ces « gitans du nucléaires » s’exposent à des niveaux de radiations bien supérieurs au seuil maximal sur un site où règnent l’anarchie et la loi du silence. Des villages abandonnés de la côte aux réacteurs irradiés en passant par les bureaux aseptisés de la puissante Tokyo electric power company (Tepco), l’enquêteur est allé à leur rencontre pour découvrir que le pire reste peut-être à venir : niveaux de radiation records, sécurité limitée, travaux effectués à la va-vite, fuites, bricolage et risques médicaux encore méconnus, la catastrophe est loin d’être terminée.
Un grand récit, dans la lignée des Proies d’Annick Cojean – les faits sont établis dans une émotion intense, littéraire ; ce n’est pas un incident ou une enquête, c’est une plongée au pays de la mort, invisible, impensable, et qui guette tant de pays…