« Je ne reconnais plus mon Église ». C’est par cette phrase que Henri Tincq, l’un des plus grands spécialistes français du catholicisme, commence cet essai qui fera date dans l’histoire politique et sociale de la religion en France. L’Église de France, qui avait si bien su s’assouplir dans la deuxième moitié du XXe siècle, est devenue tout autre. Elle a peur. Elle vit dans la peur, une peur confortée par une incontestable agressivité anti-religieuse et un légitime sentiment de désarroi. Fondé sur une analyse précise et extrêmement bien documentée des nouvelles tendances qui la tirent vers un conservatisme « à droite toute », Henri Tincq fait état de chiffres glaçants, de slogans inquiétants, de silences assourdissants. Faisant le lien avec les grands courants du passé, des dérives réactionnaires du XIXe siècle et de l’Action Française au catholicisme social des Lamennais, il constate une dérive « catho-identitaire ». L’Église de France se réfugie dans une contre-société réfractaire à toute nouveauté. Le mariage pour tous en a été un déclencheur, l’Islam ne lui est plus qu’épouvante ; elle est persuadée qu’une « cathophobie » existe. Comment enrayer cette spirale qui ne fait que nuire, à l’Eglise, quand on est un chrétien humaniste ?